L'humanité disparaîtra, bon débarras !

Publié le par Marco Rugo

L'humanité disparaîtra, bon débarras !
Yves Paccalet


Mon classement : ** - Commentaire :

La cupidité de l'espèce humaine m'incite à partager le pessimisme de l'auteur... et son humour aussi !

Fribourg, le 30 avril 2006

4e de couverture :
L'espèce humaine provoque des bouleversements irréversibles de son environnement. Notre avenir est aussi bouché que celui des dinosaures ! Peut-on encore espérer que l'Homo sapiens acquière enfin la sagesse dont il se rengorge, alors que toutes les grandes questions (pollutions, saccages des terres et des mers, climats, nouveaux virus...) sont négligées ou méprisées ? D'où vient cette folie suicidaire ? De ce que l'homme est un grand singe égoïste. Il obéit à trois pulsions : sexuelle, territoriale et hiérarchique. Sa soif de domination le pousse à tous les crimes, y compris contre lui-même... Guerre nucléaire, climats en folie, empoisonnement de l'air et de l'eau, nouvelles maladies... Tout cela sera très drôle. Et après ? Rien... La vie créera de nouvelles espèces jusqu'à ce que le Soleil brûle définitivement la planète, dans environ un milliard d'années.
Un essai d'humour noir... à la fois provocant et désespéré. Yves Paccalet, philosophe et écologiste engagé, mais aussi enragé, nous met face à nos fatales incuries.

Extraits et tournures appréciés (ou vérités qui font mal en l'espèce) :

J'y ai appris de nouveaux mots :
grégaire
engeance
les sylves originelles
des chancres
le trilobite
avec l'accent provençal, une belle cagade
Nous aimons nos reîtres, nos spadassins, nos soudards, nos uhlans, nos mercenaires
leurs épigones
la hideur
le rythme du collapsus...
lesquels nous accompagnent en tant que commensaux
un brouillard méphitique
au pire, c'est un oxymoron

Les seuls titres des chapitres sont édifiants :
Un barbare à deux pieds sans plumes
Nous sommes tous des papous
Dévorons nos bébés!
Quelque chose en nous d'un peu nazi...
Ah! Dieu que la guerre est jolie...
Treize bonnes raisons de mourir
Conclusion : Fin de partie

Le cancer de la déforestation envoie ses métastases dans la contrée...

Sur notre planète, les jours du géant vert sont comptés. L'énoncé du problème est simple : sachant que, dans quelques décennies, la sylve des Papous ne sera plus qu'un souvenir, à quelle autre forêt vierge allons-nous nous attaquer ? La réponse claque comme une gifle : aucune ! C'était la dernière.

L'humanité [...] fornique et accouche. Elle obéit à sa pulsion lapinesque; le
latiniste dirait : "cuniculesque". [...] Chaque seconde, trois
Homo sapiens tombent sur notre planète ahurie [...]

[...] la Modeste proposition... de Jonathan Swift. Elle consisterait à manger les nouveau-nés [...]

L'homme est le cancer de la Terre.

Comme dirait madame Evidence, non seulement rien n'a changé, mais c'est toujours la même chose.

Tous les hommes naissent libres et égaux en droit, à l'exception de la majorité d'entre eux.

Nous ne partageons que le superflu; et encore, à condition que cela se sache.

L'éthologie, la science des comportements (du grec
êthos, "moeurs", et logos, "discours"), fondée par Konrad Lorenz et Nikolaas Tibergen. [...] L'éthologie nous enseigne que, comme tout être vivant (de l'amibe au chêne, de la crevette au gorille), l'Homo sapiens obéit à trois pulsions principales : le sexe, le territoire et la hiérarchie. La reproduction, la possession et la domination.

Phrase que j'avais inscrite sur les murs de la Sorbonne, une nuit de Mai Soixante-huit : "Individualistes de tous les pays, restez-le !" J'adhère à ce slogan de mes vingt-trois ans.

Quarere fontes Nili ("Cherchez les sources du Nil") : ce proverbe latin résume la curiosité humaine; notre aptitude au rêve; notre envie de savoir. Désormais, la quête humaine risque de se résumer en un verbe : survivre !

L'eau est consubstantielle à la vie. Indispensable à l'homme, aux animaux et aux plantes. A l'industrie, é la production d'énergie et aux transports... L'eau des océans abonde, mais elle est salée. L'eau douce est rare (deux et demi pour cent de l'hydrosphère) et surtout solidifiée dans les calottes de l'Antarctique et du Groenland. L'eau douce liquide est rarissime (sept pour mille du total). L'homme en prélève environ cinq mille kilomètres cubes par an. Il en utilise (et en gaspille !) des quantités inégales selon qu'il est américain (sept cents litres par personne et par jour), européen (trois cents litres) ou africain (trente litres). Aujourd'hui, un milliard trois cents millions de nos congénères (un sur cinq) n'ont aucun accès à l'eau potable. Dans vingt ans, ils seront trois milliards (deux sur cinq). Avec des tragédies sanitaires...

[...] nous avons créé cette société de consommation qui nous rend si vaniteux; que nous appelons "progrès", et dont nous feignons de croire qu'elle est universellement partagée (en réalité, par un humain sur six) et qu'elle sera éternelle (en vérité, elle agonise). Goinfrerie, dépendance... Nous sommes drogués. En état d'addiction. Cet esclavage nous rend fous. Nous en voulons sans cesse davantage. Peu nous importent les conséquences. [...] Il faudra bientôt passer à la caisse.

Une autre illusion, créée et entretenue par les gros agriculteurs, est celle des "carburants verts", ou "biocarburants".
[...] Un calcul simple montre que, pour alimenter en biocarburants les moteurs des automobiles qui roulent aujourd'hui sur la surface de la Terre, il faudrait y consacrer la totalité des surfaces agricoles de la planète ! En vérité, il n'existe aucune autre solution au problème mondial de l'énergie qu'une diminution de notre consommation.

L'Homo sapiens se croit tout : il n'est rien. Je n'ai pas peur de ma mort : je redoute celle de mon espèce. J'y tiens encore un peu. Pas tous les jours, je le confesse... Je n'irais pas non plus donner ma vie pour tous les sujets qui la composent... je suis convaincu qu'elle s'éteindra en moins de temps qu'il ne lui en faudra pour apprendre à réagir de façon raisonnable. Je l'apostrophe dans ces pages : "Tu disparaîtras, bon débarras !" Mais son suicide me consterne. Quand je songe à mes enfants, je forme des voeux pour que le processus ne s'accélère pas trop.

La nature ne se trompe jamais.

[...] les dauphins [...] s'échouent en nombre croissant. On cherche à comprendre pourquoi. [...] on observe un effondrement catastrophique de leurs défenses immunitaires. Dû à quoi ? [...] Il est imputable aux pollutions humaines [...]

Quoique je trouvasse la viandasse fadasse
[...]

La premier qui dit la vérité expérimente ce que j'appelle le "paradoxe de Cassandre". La devineresse troyenne était haïe pour les malheurs qu'elle annonçait. Si je dois brosser un tableau du futur, je promets des désagréments (au contraire de l'astrologue). Si ces désastres surviennent, on m'en rend responsable : un vieux fonds de croyance magique attribue la cause du malheur à celui qui en parle. Le paradoxe de Cassandre s'énonce ainsi : supposons que je lance une alerte sur un risque. mes congénères m'écoutent et modifient leur conduite. Le danger est conjuré. Donc, j'ai eu tort; la situation n'était pas si grave; je ne suis qu'un poltron alarmiste; la prochaine fois, on aura raison de ne pas me croire !

L'analyse des microbulles d'air contenues dans les glaces de l'Antarctique nous l'a révélé : depuis le début de l'ère industrielle, nous avons fait passer le taux de CO2 atmosphérique de deux cent soixante-quinze à plus de trois cent cinquante parties par million. Une ascension brutale. Et qui continue...

Le sol toujours gelé de L'Antarctique (le permafrost) se met... à dégeler.

Les hommes pourront réfléchir à ce qu'il en coûte d'outrager la planète. S'il reste des hommes. Si notre espèce entière n'a pas été définitivement rendue à la mer, ce liquide amniotique de la vie.

[...] "développement durable" ne signifie rien de précis. Chacun y met ce qu'il veut, selon sa fantaisie et son intérêt... [...] la croissance indéfinie est impossible sur une planète aux ressources limitées [...]

[...] indicateur appelé l'"empreinte écologique".

En ce début de vingt et unième siècle, si tous les hommes consommaient comme les Européens, il ne nous faudrait pas moins de trois planètes pour satisfaire nos besoins. S'ils avaient le mode de vie américain, il nous en faudrait six. Question : où tournent les cinq planètes qui nous manquent ?

Si l'humanité s'éteignait, la vie continuerait sans elle et sans aucun problème. Nulle morale, là-dedans.

Jules Renard allait répétant que la vie est courte, mais qu'elle a des longueurs.



Biographie
d'Yves Paccalet. Vous pouvez aussi écouter son passage sur Recto-Verso, une émission de la Radio Suisse romande, en cliquant ici (avancer le lecteur RealPlayer jusqu'à la minute 8:18).

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Publié dans Lectures

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