Jésus Bouddha - Quelle rencontre possible ?

Publié le par Marco del Rugo

Jésus Bouddha - Quelle rencontre possible ?
Dennis Gira et Fabrice Midal

Mon classement : ** - Commentaire :

En bon agnostique que je suis, troublante m'est apparue l'expérience libératrice de ce dialogue épistolaire entre deux chercheurs d'Absolu qui se plongent dans un vertige de réflexions, l'un de tradition bouddhiste et l'autre de tradition chrétienne, compagnons de route suivant chacun leur voie. De par le titre de l'ouvrage "Jésus – Bouddha – Quelle rencontre possible", je m'attendais, comme d'autres bouquins du même genre, à l'évocation des différences et des ressemblances de ces deux grands maîtres spirituels. Et je me retrouve avec une mise à nu sans concession de deux auteurs qui se dévoilent à travers leur ascèse quotidienne d'une exigence élevée : l'un, philosophe bouddhiste, qui en dissèque la pensée, et l'autre, théologien catholique d'origine américaine, qui a consacré de nombreuses années de son existence à étudier la tradition bouddhiste au Japon !

Vient se greffer l'homosexualité de l'un confrontée à l'expérience de père de l'autre, dichotomie qui enrichit leur amitié née de diverses rencontres dans des séminaires. Et c'est précisément cette amitié qui enrichit ce dialogue interreligieux. Aux doutes de l'un répondent les interrogations de l'autre.

Voici un exemple de ce fructueux échange : l'enseignant bouddhiste qu'est Fabrice Midal nous apprend la découverte que font nombre de pratiquants bouddhistes : la réalité apparaît en fonction de notre état d'esprit. […] Autrement dit, ce qui se manifeste dépend, pour une large part, de mon propre état d'esprit. Et le théologien catholique Dennis Gira de lui répondre, sans hésiter à puiser dans les sources littéraires bouddhistes qu'il a longuement étudiées : J'aimerais commencer cette lettre en citant les deux premiers versets du Dhammapada, ce recueil d'aphorismes de l'ancien canon bouddhique qui est – tu me corriges si je me trompe – le texte bouddhique le plus lu au monde :
"En toutes choses, l'élément primordial est le mental; le mental est prédominant. Tout provient du mental. Si un homme parle ou agit avec un mauvais mental, la souffrance le suit d'aussi près que la route suit le sabot du bœuf tirant le char.
En toutes choses, l'élément primordial est le mental; le mental est prédominant. Si un homme parle ou agit avec un mental purifié, le bonheur l'accompagne d'aussi près que son ombre inséparable.


Après la lecture de ce riche échange, on ne peut que se sentir appelé au silence pour mieux laisser résonner leur parole.

 
4e de couverture :
"Comme en te lisant je me sens plus proche de ce qui t'anime et de ce qui est en question! Et comme, dans le même temps, l'écart entre nos deux visions apparaît plus clairement dans leur tension originelle." Partager avec un ami son expérience spirituelle quand elle emprunte une voie différente de la sienne est une réelle aventure. Avec un ami, on abandonne la langue de bois et les idées reçues. On n'hésite pas à confier ses doutes, ses blessures parfois. Dennis Gira est chrétien, Fabrice Midal est bouddhiste. Mais chacun connaît bien la tradition spirituelle de l'autre. De leur échange de lettres naît un bouleversant dialogue sur la vérité et l'expérience spirituelle. Cet échange fait avancer chacun sur la Voie qui est la sienne - celle du Christ ou celle du Bouddha. L'effort, parfois épuisant, que requiert ce dialogue, permet à chacun de mettre à nu ses convictions et sa foi. Les plus grandes questions sont abordées avec lucidité et dans une intimité rare. Celles de l'altérité et de la souffrance, du statut de la personne humaine et de la nature de Dieu, de la conversion, du rôle du maître spirituel, de la vacuité et de la résurrection... Ces lettres concernent en définitive tous ceux qui, croyants ou non, se laissent interroger par l'expérience de la vie.

J'y ai appris de nouveaux mots (dico) :

le solipsisme
la concrétude
la longanimité
le discord






Publié dans Lectures

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D
Monsieur Rugo,Ne me remerciez surtout pas de vous avoir inviter à la lecture de ce livre. Il était temps que vous vous aperceviez que ce livre ne contenait pas ce que vous pensiez qu'il contenât.A vivre dans le subjonctif, vous vous éloignez de la concrétude.Votre silence vous honore enfin.Bien à vous,Boris, fidèle lecteur 
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