De retour du Siam et du Cambodge

Publié le par Marco del Rugo

Avec le retard qui me caractérise, voici quelques éléments putatifs de mon dernier périple asiatique, entrepris avec Mijo, un ami restaurateur croate, sur les terres d'abord khmères et ensuite siamoises. En bons voyageurs de l'interstice chers à Jean-Didier Urbain, le seul malentendu de tout notre voyage commun nous aura fait prendre un train différent pour rejoindre Unique, l'aéroport de Zurich. La compagnie aérienne Emirates, qui évoluait jadis dans l'excellence, est devenue quelconque. La faute à son extraordinaire expansion et à la réussite de son hub dubaïote qui charrie les humains du monde entier, angoissant maelström.

Arrivée à Bangkok et nuit à Pattaya, plus grand lupanar du monde sinistrement achalandé. Je retrouve un pays plongé dans la crise, où des "drôles" chatoyantes (appelées "katoy", je ne sais si je dois utiliser le féminin ou le masculin) croisent de nombreux "séducteurs" bedonnants. À peine le temps de boire un verre à un bar que la serveuse, aguichante, de me susurrer : "My name is Bee. Ich liebe dich !" Cela démontre l'origine de ses clients.... Un "Je t'aime !" aurait perdu là toute sa force séductrice. Le lendemain matin, les manifestations des "rouges" – ici se tenait le Sommet de l'ASEAN - ne nous auront point empêché de filer vers la frontière khmère.

Le Cambodge, engoncé dans un marasme économique où seuls les corrompus réussissent, offre une naïve hospitalité propre aux pays miséreux (économiquement parlant). Le passage de la douane agite les mains entreprenantes de l'économie informelle; dernière activité découverte : celle du remplissage du formulaire de demande du visa ! Nous voici à Koh Kong. N'ayant pu hélas, trois fois hélas, séjourner à l'Oasis Resort, vacances annuelles obligent, nous avons dormi dans un hôtel quelconque de cet endroit quelconque. Mais l'aventure cambodgienne a véritablement commencé le lendemain, en s'enfonçant dans la campagne de ce pays où tout pousse miraculeusement. L'oasis de paix a été trouvée au Rainbow Lodge, petit resort écologique et hautement recommandable, géré par Janet, chantre de l'écotourisme, une Anglaise ayant tout laissé tomber pour gérer six bungalows nichés dans la forêt, avec un seul accès fluvial par la rivière Tataï. L'absence de sites touristiques nous invite à une saine immersion vers notre ontologique intériorité.

Mijo voulait absolument revivre le Songkran, Nouvel An thaï qui se célèbre trois jours en s'aspergeant d'eau (impossible d'utiliser dès lors mon appareillage acoustique). À cette occasion, nous recevons les bons vœux de "l'aspergeur" : "Sawadi pimai". Et l'endroit le plus éblouissant pour vivre cette fête n'est autre que Chiang Mai, la deuxième ville du pays, surnommé "La Rose du Nord", près de la frontière sino-birmane. Depuis le Cambodge, deux avions de l'excellente compagnie Bangkok Airways, auront été nécessaires pour rejoindre rapidement cette ville de 700'000 habitants (la ponctualité n'étant pas mon fort, Mijo aura eu des sueurs froides dans le  songtaew qui filait à toute allure afin d'éviter de rater le premier avion). Vous trouverez ci-dessous un diaporama qui illustre à merveille cette fête humide qui célèbre le retour de la mousson – indispensable à une bonne récolte du riz - après des mois d'un temps brûlant et sec. Et pour les mordus d'entre vous, deux courtes vidéos tournées l'année dernière sont disponibles en cliquant sur le lieu de leur tournage : Chiang Mai et Paï.


Cinq jours de liesse au rythme des diverses festivités, tant sacrées que profanes – rappelons que cette ville abrite des dizaines de temples bouddhistes, au contact d'une chaleureuse population. Difficile cependant de lui faire croire que le renoncement et la solitude permettent d'accéder à de plus grands biens. Car, comme l'a constaté un oublié herméneute, derrière la magnificence des sourires se cache bien souvent une sourde souffrance propre à la morne réalité du quotidien :
• telle celle de cette jeune coiffeuse devenue prostituée;
• celle de cette masseuse – le massage traditionnel thaï remonte à des millénaires, rattaché qu'il est au médecin personnel du Bouddha – abandonnée par son homme thaï après qu'il lui ait fait deux enfants;
• ou encore celle de cette serveuse rentrée au village et attendant des nouvelles du père de son enfant, un falang – c'est le terme péjoratif désignant les étrangers – qui ne retrouve plus de travail…

Mais c'est riches que nous sommes devenus car le sourire est un présent inestimable. Ces quelques jours passés à Chiang Mai auront aussi été marqués par la grâce de l'inattendu. Celle d'avoir déniché une ancienne bâtisse à vendre, découverte riche de virtualités, près de l'hôtel où nous séjournions, l'ImmEco, où le charme des chambres entourées d'un parc luxuriant et d'une grande piscine était inversement proportionnel à l'accueil du personnel. Ainsi, mon rêve de gérer une guesthouse dans un coin d'Asie pourra peut-être se réaliser ici à Chiang Mai… En exclusivité, je vous présente donc le Swiss Lodge, au management italo-croate si le projet devait se réaliser avec Mijo, restaurateur de son état. Les premières démarches commerciales seront entreprises en 2010…



En tous les cas, les Shanti Girls veulent déjà toutes y venir travailler :-)  Il s'agit là des employées du Shanti Lodge, guesthouse de Bangkok gérée par mon amie Yuan, my wife in the future (et moi de préciser, à titre dilatoire, in the future). La capitale siamoise, quadrillée par une nuée de militaires en raison des récentes manifestations, nous aura accueillis les derniers jours. Elle a encore quelques secrets pour moi, malgré mes nombreuses venues. Comme la visite de ce nouveau marché flottant réunissant les marchands et artisans du quartier alentour, occasion de nous promener dans le dédale des khlongs, ces venelles aquatiques propres à la Cité des anges.
 
Occasion aussi de fouler enfin un endroit que Yuan m'interdisait de rejoindre, s'agissant d'un immense temple controversé car géré par une secte bouddhique qui, étonnamment, rallie des centaines de milliers d'adeptes, le Dhammakaya. Impossible de le visiter incognito ! Nous avons donc été "pris en charge" par une fille radieuse et un moine francophone non moins convaincu de la justesse de la Voie, résumée à une stricte méditation. Ils nous auront d'ailleurs mis en contact avec une dame zurichoise "illuminée", responsable de la secte ici en Suisse. À mon étonnement quant au bleu azur du ciel – Bangkok est souvent sous un ciel bleu-gris – elle n'hésitera pas à me répondre, non sans rire, que l'aura dégagée par la méditation des adeptes du temple rend le ciel plus bleu ! Laissons ces gens à leur croyance grandement médiatisée. Et en grand amateur d'arts vivants que je suis, je ne puis que vous conseiller de passer une agréable soirée au bord du Chao Praya, la rivière coupant Bangkok en deux, à admirer un superbe spectacle de danse, fusion entre la danse traditionnelle thaïe et la danse contemporaine, tout en mangeant de succulents plats traditionnels thaïs. Des musiciens locaux à l'humour dithyrambique, animent ensuite la soirée. Un délice à vivre au Patravadi Theatre.


Ce trop court séjour aura donc aussi été celui d'un voyage culinaire. Nous aurons joui de cuisines fort diverses : cuisine thaïe mais aussi khmère, iranienne, coréenne, japonaise et surtout une indicible cuisine indienne. Difficile d'oublier le Spices de Chiang Mai, un petit bouiboui géré par une dame népalaise qui n'aura pas manqué de nous présenter ses trois filles à notre second passage. Le Blanc est toujours un bon parti ;-)

Les longs moments d'attente propres à la langueur asiate furent comblés par la lecture d'un docte roman écrit par l'érudit Frédéric Lenoir, L'oracle della Luna, où l'amour charnel le dispute au plaisir sensuel. Lumineux bouquin qui répond à la question "Comment l'amour d'une femme peut-il tarir le désir de jouir de toutes les autres ?" Il me faut abandonner là les délicieuses agitations de ce voyage et retrouver le silence claustral et l'ennui morose du labeur quotidien qui est le mien. Vous pourrez méditer sur ce que disait Téophane du voyage en admirant le diaporama ci-dessous : le voyage change le regard que nous portons sur nous-mêmes et notre propre vie.


Autres photos disponibles sur ma page dédiée Facebook, album de diverses photos du séjour et album spécifique des photos du Songkran à Chiang Mai. Et toujours d'actualité, les images vidéo tournées il y a bientôt 10 ans en Thaïlande lors d'un périple avec Léon, mon parrain de confirmation, disponibles sur DailyMotion.
Et pour les amateurs francophones de la Thaïlande, un nouveau site web à disposition : Goodlife IN Thaïlande. Vous pouvez même feuilleter en ligne le magazine !

Publié dans Voyages

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M
Et toc Ducon !Salut Florent. J'avais un petit doute quant à cet énigmatique prénom... C'est étrange comme je garde très bon souvenir de notre rencontre, bien qu'elle ait été trop brève (j'ai souvenir de deux chouettes miss nous ayant offert un gâteau si je ne fais erreur ;-)Mais la Chine m'attend et je lui ferai un jour honneur de ma présence.Bien à toi mon cher.   Marco 
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F
A monsieur je cite "Ducon Boris", j'ai personnellement connu Marco à Nanjing. Marco n'a rien d'un touriste blasé en mal d'exotisme, c'est un bon vivant qui aime le contact et rit de tout.
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F
Génial, je repasseraiFlorent
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D
A vous observer, Messieurs, nous ne pouvons pas nier le fait que vous semblez bien grassouillets dans ce pays où la minceur est culturelle. Il serait temps, Messieurs, que vous vous mettiez au riz sans quoi vous resterez des particularités locales d'un goût grotesque. 
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